Les sept vertus salvatrices (poème)

Aux antipodes des sept péchés capitaux
Dont elles constituent tant les exacts antonymes
Que les parfaites incarnations contraires,
Parce qu’opposées à leur dessein mortifère,
Les vertus salvatrices, de la morale la cime,
En sont aussi l’élan et le vecteur vitaux.

 

L’humilité s’insurge contre l’orgueil
Dont sont redoutés les tentaculaires écueils.
La générosité s’oppose à l’avarice,
Au bénéfice à long terme toujours factice.
La joie au bonheur d’autrui fait face à l’envie,
Qui sape de l’auteur la qualité de vie.
La patience se dresse contre la colère,
Qui propage partout son effet délétère.
La tempérance se joue de la gourmandise,
Que des facteurs autres qu’alimentaires balisent.
La pureté met à l’abri de la luxure,
Dont le fidèle étendard reste la souillure.
L’ardeur au travail annihile la paresse,
Que l’allergie à l’effort adule et caresse.

 

Animée du seul souci de faire du bien,
Amenant au don à autrui de ses moyens,
Et plus vertueuse que la solidarité,
Car exempte de toute réciprocité,
La générosité se transforme en bonté,
Lorsqu’elle se joint pour se marier à la grâce,
L’esprit de son auteur étant tout sauf vorace.
Du possédant elle dérive du détachement,
Épargne sa cible de tout dénigrement,
Consacre son plein sens à la fraternité,
En promouvant dignité et humanité.

 

Les limites de l’humaine condition,
Tant dans la réflexion que dans l’action,
Tant dans le vécu que dans les prédictions,
Fondent, amplifient et nourrissent l’humilité,
Facteur hypertrophiant la lucidité,
Vertu dont le possédant n’a pas conscience,
L’attitude contraire en signant l’absence.
D’elle découle la porosité des méninges,
Propice à l’apprentissage continu,
Tant entre les hommes par un remue-méninge
Que dans celui constant de la retenue.

 

Primordiaux à l’éclosion des talents,
Sont le goût de l’effort et l’ardeur au travail,
De même que la ténacité et le courage,
S’imposant tant au commun des hommes qu’au génie,
Tous soumis au dur diktat du labeur sans faille,
Dont l’importance apprise dès le bas âge,
Pérenne parce qu’immunisée contre tout déni,
Est pour l’épanouissement sans équivalent.

 

Sont ainsi convertis en qualités les dons,
Les qualités en vertus sous l’effet du cœur,
Pouvant conférer le profil d’enfant de chœur,
Le courage servant de rempart à l’abandon,
Le tout mis au service du compter sur soi,
Qui, comme le respect de soi, ne va pas de soi.

 

Symptomatique d’une grande hauteur de vue,
Élargissant de notre bonheur l’avenue,
Est la joie tirée de la réussite d’autrui,
Transmuée en évènement dont on se réjouit,
Le cœur libéré de la nocive envie,
L’esprit dégagé et profondément ravi,
Pour donner tout son sens à la fraternité,
Au-delà du biologique et de l’inné,
Donc du clan et de la nationalité.

 

A travers le bonheur de notre semblable,
Par nous célébré par contagiosité,
Se trouve renforcé notre bien-être,
Affermie notre commune humanité,
Reposant sur l’interdépendance des êtres,
Aussi inévitable qu’indispensable.

 

Modération dans les désirs sensuels,
Dont on n’est pas asservi mais plutôt maître
Et champ des désirs naturels et nécessaires,
La tempérance se cantonne à l’essentiel,
Pour générer la liberté par la prudence
Et ouvrir la voie d’accès à l’indépendance.
Jetant son dévolu sur le qualitatif
Et détachée du diktat du quantitatif,
Elle agit avec le mieux jouir de concert.

 

La pureté est des vertus la plus mythique,
Tout en en étant la moins définissable.
Elle vise à se rapprocher du véritable,
Peut relever d’un imaginaire idéal,
Tant en amour que du strict point de vue moral.
Les religions préconisent de manger sain,
Afin de se rapprocher davantage du saint.
Race et peuple purs sont des concepts chimériques,
Avec un relent toujours discriminatoire.
L’eau pure est un pur produit de laboratoire,
L’amour pur vise le bonheur de l’être aimé,
Et non de celui dont il a du cœur germé,
L’égoïsme étant toujours haïssable.

 

Toujours associée à la féminité,
Qu’elle semble incarner depuis belle lurette,
Perçue comme étrangère à la virilité,
La douceur est un courage sans violence,
Une force sans colère ni brutalité,
S’exerçant avec respect et bienveillance
Pour rendre la domination parfaite.

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